Après le froid et les nuages du Parc Forillon, j'arrive à Percé bercé par les rayons d'un magnifique soleil.
Et là c'est le coup de coeur !
Bon ok j'avais déjà vu des photos de Percé et de son rocher, mais vraiment en arrivant je suis littéralement tombé sous le charme !

Je me pointe à l'auberge de jeunesse, et là rebelotte, le coup de foudre. Je la recommande à tout ceux qui auront l'occasion d'y passe un jour, elle est n°1 sur ma liste, que ce soit au niveau de l'accueil, du confort, du point de vue qu'elle offre sur le paysage environnant. En fait l'accueil et l'auberge sont 2 maisons séparées. Au lieu d'avoir son lit où poser ses affaires, on a carrément une vraie maison, entièrement indépendante, avec cuisine immense, salon et canapés, salle de bains ultra modernes et hyper clean, on a même des serviettes qui sont changées tous les jours (mieux qu'à l'hotel !). Le salon est fait avec des grandes baies vitrées et les canapés sont face à ces baies pile en face du rocher.

La photo ci-dessous est la vue que j'avais de ces fameux canapés... !

Bref, que du bonheur, et je veux vite profiter du soleil pour aller me balader car je commence à comprendre que dans la région le temps peut changer très rapidement !
J'emprunte donc le sentier qui part derrière l'église et qui remonte sur le mont St Anne (hé oui encore un, il y en a énormément dans toute la région, car Ste Anne est la patronne des pêcheurs, et que c'était la principale activité des premiers occupants du Québec), pour aller contempler la vue magnifique sur le village, le rocher et l'île Bonaventure qu'offrent les différents bèlvéderes...

Arrivé en haut je surplombe toute la région et l'océan avec une vue à 180°, ça valait vraiment le coup de marcher jusqu'ici !!

Le chemin qui redescend en longeant la falaise n'est pas mal du tout non plus, il offre un superbe panoramique sur l'océan...

En chemin je croise aussi une petit chute d'eau assez jolie, dédiée à la vierge (ils étaient très croyant ici autrefois, beaucoup moins maintenant...).

Finalement je retourne à l'auberge tranquillement. Je ne le sais pas encore mais je ne vais pas tarder à rencontrer tout le petit monde qui composera cette auberge avec moi, et avec qui je vais passer des moments très très drôles !!!
 

Le parc Forillon est à la pointe de la Gaspésie, juste à côté de la ville de Gaspé.

Il est lui aussi assez montagneux, recouvert de forêts de sapins où vivent des ours, et bordé par des falaises qui se jetent plus ou moins brutalement dans la mer...

Je vais essayer de vous mettre quelques photos illustratives pour que vous visualisiez mieux, mais je ne vais pas trop m'attarder sur mes longues, trés longues randonnées !!!
En plus le temps était gris et humide, et j'oscillais entre le froid extérieur et la chaleur procurée par la marche... sensations peu agréables.

Quelques annecdotes amusantes sur l'étape seraient bien plus croustillantes !

Tout d'abord cette petite brune, française.
Nous étions uniquement deux à attendre le bus à Ste Anne des Monts, assis l'un et l'autre côte à côte, nous avions l'air de 2 touristes typiques, et nous nous regardions l'oeil amusé, elle avec son guide michelin du Québec, moi avec mon bouquin dans la main et mon petit drapeau français cousu sur mon sac. D'un sourire entendu nous nous sommes dis un bonjour qui voulait dire "hé oui je t'ai reconnu, tu es un(e) touriste français(e)"...
Bref elle était un tout petit plus âgée que moi, mais elle avait l'air très sympathique, tres mignone, et qui plus est, elle me rappelait quelqun que j'avais connu... ce qui me donnait envie de lui parler...
En fait elle était là pour 3 semaines, et prennait son temps pour faire quasiment le même parcours que moi, mais en restant 3 fois plus longtemps que moi à chaque endroit... son objectif final étant le festival de poésie de Rivière du Loup, en-dessous de Rimouski. Elle écrivait elle-même des poemes dans un grand carnet noir aux feuilles tres fines...
Nous arrivons à Cap aux Os (nom venant des os des baleines qui s'échouaient sur la plage) et descendons ensemble à la même (enfin unique...) auberge, et nous rendons à l'accueil.
Quelques mots de bienvenus de la jeune fille de l'accueil qui nous fait remplir toujours les mêmes formalités.

- Vous voulez un lit à 2 places ou une chambre avec 2 lits 1 place ? nous demande-t-elle paisiblement...

Pour être honnête depuis le moment où nous étions rentrés ensemble dans l'auberge j'attendais cette phrase impatiement, en préparant LA réplique à mourir de rire. Mais bon, j'étais tellement amusé que sur le coup je n'ai rien dit, observant d'un oeil intérrogateur et malicieux ma petite française. La pauvre, elle était tellement mal à l'aise.
- Euh non mais c'est pas ce que vous croyez, en fait on est pas ensemble, on a rien l'un contre l'autre mais on s'est juste rencontré dans le bus vous voyez, et on ne veux pas particulièrement dormir dans la même chambre...
J'étais là, uniquement spectateur de la scène, occupé à regarder la fille de l'accueil et ma petite française toute aussi génées l'une que l'autre...
Je me suis retenu très fort de faire une blague qui me trottait dans la tête depuis longtemps (mais j'avais un peu peur que ça ne passe pas et que ça les mette encore plus mal à l'aise, ou qu'elle me prenne pour un fou, voire les deux). Bref j'aurais bien répliqué sur le coup d'un air surpris voire faché :
"comment chéri !!??!! Mais c'est quoi cette histoire que tu refuses de dire aux gens qu'on est ensemble ??? On en a déjà parler et tu remets encore ça ? C'est une attitude puérile et complètement ridicule, si tu cherches à me mettre en colère... bravo tu as réussi !"
Mais bon... je me suis retenu... je suis trop sage des fois !
Je n'aurais même pas demandé à cette petite française comment elle s'appelait pendant tout ce temps là... je suis pas très doué !

A part ça j'ai retrouvé Eric le soir qui arrivait pour déposer ses affaires dans la chambre (moins sexy que ma petite brune du bus mais bon...), on voyage chacun de son côté, il voyage en voiture et il n'a donc pas les mêmes contraintes liées aux horaires de bus que moi...
Et je me laisse pousser la barbe pour mieux me transformer en bucheron canadien et me fondre dans le décors... je me prends parfois pour un Corto Maltese de la terre, personnage solitaire, taciturne mais énigmatique :o)

Cette étape n'est pas une étape de visite comme les autres. Je suis juste là pour dormir car la route jusqu'à Gaspé est trop longue et le car que j'ai pris à Rimouski ne pouvait pas faire la route en une seule fois, ce qui m'oblige à la faire avec un stop pour la nuit...
C'est un peu dommage que je ne reste pas pour plus de temps car c'est de là que partent les principales balades (enfin apres s'etre rendu au point de depart en voiture) pour le parc de la Gaspésie, qui regorgent de grandes montagnes remplies de lacs... Je ne verrais pas tout ça. Je n'ai pas le temps de faire ces randonnées de minmum un voire plusieurs jours, je n'ai pas l'équipement adéquat, je n'ai pas non plus beaucoup de motivation pour me faire comme ça du jour au lendemain de la rando de montagne.
Ce qui est bien dans tout ça c'est que je ne suis pas obligé de m'attarder dans l'auberge de jeunesse qui est pourrie. C'est un ancien pensionnat réamménagé (honnêtement je plains les enfants qui sont passés par là (il n'y a meme pas de fenêtre dans les chambres !). L'accueil est sympathique mais le lieu est froid, antipathique, en-dessous de ses prétentions, moche et cher...

Bref pas de quoi m'exciter... j'arrive a 21h et je repars a 9h le lendemain matin.
Comme à l'habitude je me fais mon heure de marche du bus à l'auberge, de nuit pour changer, mais c'est simple à trouver, c'est sur la route qui longe le fleuve, et même de nuit je trouve ça sympa...

Dans ma chambre je reconnais un jeune qui était déjà à côté de moi dans le grenier à Tadoussac... Eric, un belge, en vadrouille aussi dans le coin... comme vous le découvrirez dans les messages suivants, mon colloc de chambre dans toutes les auberges ou je serai passé en Gaspésie en fait !
Il y a Bernard aussi... randonneur de 63 ans québecois.
Ah Bernard...

Je me pose tranquille pour lire un livre ("La Reine du Sud", passionnant et qui m'a bien pris par les trippes... mais bon il faut que je me frenne sur la consomation de mes bouquins car je lis trop vite et ça commence à me coûter cher !!!), quand Bernard vient s'assoir l'air de rien en face de moi.
Je suis plongé dans mon bouquin, les écouteurs dans les oreilles, je suis absorbé.

- Tu es vraiment docteur me demande-t-il ???
(oui, vous avez du déjà remarquer ce t-shirt "Trust me I'm a doctor" que je porte assez souvent, et que Julien m'avait offert en souvenir d'une soirée ou on avait débarque inconnu et où je m'étais fait passé pour un cardiologue...)
- Non c'est une blague (je pense intérieurement que jusqu'ici je n'aurais rencontré que des médecins pourtant, je souris et me replonge dans mon bouquin, la musique a nouveau dans les oreilles)
- Ah... tant pis alors, sinon je t'aurais raconté un truc qui m'est arrivé...

Ouf je pense... je n'aime absolument pas que des gens que je ne connais pas me racontent leurs problèmes de santé !!!

- En fait ça fait longtemps que je sais que j'ai un problème de valve en dessous du coeur...

Hé mais qu'est-ce qu'il fait là ???
En fait Bernard est typiquement le genre de personne qui a besoin de raconter sa vie, et qui est capable de vous forcer a vous écouter, même si vous lui faites bien comprendre que ça ne vous intéresse absolument pas avec des signes TRES clairs comme : regarder attentivement son livre, faire celui qui n'entends pas car il a des écouteurs dans les oreilles, et surtout ne pas répondre à ses questions, ou alors quand il insiste uniquement avec des bruits sourds qui ne veulent rien dire "hummm"...
Mais bon, j'ai quand même eu droit à l'histoire en long en large et en travers du signal de la faiblesse cardiaque qui en fait n'en était pas une, mais qu'on ne sait pas ce que c'est etc...
Il m'a eu à l'usure et j'ai abandonné le combat en refermant mon livre et en allant me coucher...

Ca y est le classement du marathon est enfin publié sur le net !
Il est accessible sous le lien suivant : http://www.sportstats.ca/res2005/festi1.htm

Dans les grandes lignes :
- il y a eu 1002 participants
- Charles a fini 171ème en 47:20
- Yoann a fini 248ème en 49:44
- et moi j'ai fini 335ème en 52:11

- le premier a fini en 30:04
- le dernier a fini en 2:23:24

"Ou comment exceller dans l'organisation de dernière minute !"

"Si tu vas à Rimouski, passe chez Maude !"
Merci Phil, ça tombe plus que bien puisque justement Rimouski est la porte d'entrée de la Gaspésie et que c'est un passage incontournable pour moi...
On était mercredi soir. Apres avoir regardé rapidement un itinéraire possible et plannifié en fonction des horaires de bus, je m'aperçois qu'il faut que je passe la nuit de dimanche dans la fameuse ville.

Est-ce que j'aurais profité d'être chez Phil avec une connexion Internet sous la main pour envoyer un mail à Maude ? Non biensûr car ça aurait été trop simple, pourquoi ne pas attendre le dernier moment comme d'habitude ?

Et voila le problème de dernière minute qui surgit soudain ! J'ai mal noté le mail de Maude...
Evidemment je ne me rends compte que le samedi soir...
Mail en catastrophe à Phil avec un coup de fil en parallèle, mais pas de chance, c'est le répondeur !
Dimanche matin je descends dans l'auberge pour checker mes mails, mais là encore pas de chance, les 2 seuls ordis sont occupés...
Excuse-moi je pourrais juste vérifier quelque chose sur Internet 2s ? Merci beaucoup.
Ouf ! Un mail de Phil avec le n° de tél de Maude... je n'ai plus qu'à l'appeler pour lui demander si je peux dormir chez elle le soir même... pas super réglo, mais heureusement Maude avait déjà été mise au courant par Phil...

Je découvre Maude sur le bord du quai du traversier. C'est hyper sympa de sa part de venir me chercher en voiture pour me ramener chez elle ! Et j'apprécie d'autant plus qu'en arrivant il fait complètement nuit, la ville étant prise dans un brouillard si épais qu'il est impossible d'y voir à plus de 3m et donc de se repérer !

Encore une fois je suis reçu d'une manière incroyable ! Maude a un appartement tres confortable donnant sur le fleuve du St Laurent juste à l'entrée de la ville. Elle va même jusqu'à me passer sa propre chambre !

Je découvre son chat (désolé Maude je ne me rappelle ni son nom ni sa race) en arrivant chez elle. Honnêtement je n'avais jamais vu un chat ayant autant besoin de contact physique et d'affection...
Le lendemain il me suivait de tellement pres dans l'appartement, il était plus proche de moi que ma propre ombre !

Nous retrouvons Julie, une amie de Maude également étudiante en médecine et travaillant à l'hopital (je pourrais croire qu'il n'y a que des médecins au Québec... tellement je n'ai rencontré que des étudiants en médecine lors de mon passage ici !).

Nous partons manger dans un petit resto très sympa, sans spécialité particuliére si ce n'est de fermer à 22h et de mettre ses clients dehors aussi tôt. Néanmoins je passe une excellente soirée, fort bien accompagné, à disserter sur les différentes manières de rencontrer des gens et les différents jeux de séduction en fonction des pays et des cultures...

Je profite du fait que le bus ne passe qu'à 17h pour aller faire quelques courses : des bouquins pour les longs trajets de bus, et les soirées perdues seul au milieu de nul part (après de longues hésitations, je choisis un peu au hasard et selon mon feeling, "La reine du Sud", "Une vie" et un bouquin de Harlan Coben que je ne connaissais pas), et enfin un bonnet pour affronter les températures qui descendent au fur et à mesure que je m'avance vers l'ouest. Non seulement ce bonnet me tient chaud aux oreilles, mais en plus il me permet de me déguiser en petite racaille des banlieux dangereuses... je me fais rire moi-même !

Il me reste quelques heures encore, et je pars me balader au bord de la rivière... balade charmante sous le soleil (même s'il fait frais), mais blindée de joggers !

Je descends du bus à Forestville pour prendre le traversier pour Rimouski, et la gueule enfarinée, je demande ou se trouve ce fameux quai (car il faut bien le dire, je vois plus la forêt dans cette ville que le fleuve !)...
"Oh c'est pas bin loin, c'est tout droit..."

Ouais ok... tout droit mais à 5km !
C'est dingue y a absolument rien qui est adapté aux gens à pied dans ce pays !
Et définitivement je ne comprends pas comment ils ont organisés les arrêts des bus sur les lignes inter-régions.
Les terminus (les arrêts) sont systématiquement à des stations services sur la grande route qui relie les villes entre elles, et jamais dans le centre des villages ou à des points stratégiques comme la correspondance avec un traversier (et pourtant y en a pas beaucoup pour traverser au-dessus de Québec !).

Pour la comparaison, c'est un peu comme si en France les bus déposaient les gens aux sorties d'autoroutes et qu'ils devaient se débrouiller pour le reste !

Heureusement que la traversée quand à elle est trés rapide et tres agréable...

Nous avons même droit en prime à un couché de soleil sur fond d'orage !

Je n'arrivais pas à choisir entre le tour de la Gaspésie et remonter le Saguenay pour faire le tour du lac St Jean...

Apres avoir retenu l'option "tour de la Gaspésie", je me suis dis qu'une balade en bateau dans le fjord du Saguenay serait un bon compromis à défaut de remonter jusqu'au lac.

Dommage, le soleil n'est pas vraiment au rendez-vous... et je me caille à mort sous mon unique sweat à capuche (bon sang mais pourquoi je n'ai pas emmené mon blouson ce matin !).

Pour mieux décrire le paysage, petite leçon épistémologique sur le sens et l'origine du mot "fjord" :
ce serait un mot nordique qui désigne un endroit ou il y a plusieurs milliers d'années un glacier était présent avant de se retirer en fondant.

Ici le glacier était si gros que sous son poids il a creusé un ravin qui descend jusqu'à une profondeur de 250m. L'eau du fond est si froide qu'elle abrite une faune qui lui est complètement spécifique.
Un fjord représente donc une vallée profonde, mais aussi très abrupte, car en se retirant, lors de sa fonte, le glacier a creusé et arraché tout sur son passage, découpant ainsi les parois des collines qui l'entouraient...

Bref, le coin est très sauvage et très beau. En quelques sortes un beauté rendue froide et triste à cause de la chape de nuage qui recouvre tout, donnant la même couleur aux arbres, au ciel et à la rivière... une couleur grise opaque.

Nous faisons une halte à Baie Eternité, lieu de pélerinage, une statue de la vierge surplombe le fjord. Les bateaux s'y arrêtent obligatoirement tous pour jouer l'Ave Maria et donner 3 coups de klaxon afin d'être protégés lors de leur navigation. Cette statue a été déposée par un homme sauvé de la noyade -il avait voulu traverser sur l'eau gelée un hiver, quand elle s'est fendue soudainement- et qui a voulu remercier la vierge de ne pas être mort dans l'eau gelée...

Je profite de la halte pour faire une petite balade et monter le plus haut possible sur la montagne qui surplombe la baie.

Je rentre frigorifié à Tadoussac et je finis d'organiser le reste de mon parcours.

Je suis en train de noter dans mon petit calepin les balades que j'ai faites hier (j'écris avec plus ou moins 1 jour de décalage... ça dépend), et il y a cette fille que je croise depuis hier soir qui n'arrête pas de me regarder en me lançant de grands sourires, elle est toute seule, c'est sûr, et je n'arrive pas à savoir si elle est américaine ou canadienne anglophone, mais en tout cas elle est pas mal et a l'air plutot sympa...
Faudrait peut-être que je bouge mes grosses fesses de fainéant timide pour aller lui faire un brin de causette histoire de sociabiliser un peu, parceque les sapins sont pas tres causants dans le coin, et comme en ce moment je ne vois quasiement que ça... faudrait pas que je risque de perdre l'usage de la parole à force de ne plus pratiquer ! Enfin... j'irai peut-être lui parler ce soir, avec une bière ou deux dans la panse se sera plus facile !

En même temps, si je tourne la tête légèrement sur ma gauche il me semble que j'ai une tablée d'étudiants de l'INT qui jouent aux cartes... surement pas que des étudiants de l'INT mais certains d'entre eux je n'ai aucun doute la-dessus. Ils sont plusieurs que je reconnais distinctement (l'avantage d'être un tant soit peu physionomiste), 2 promotions en-dessous de moi, c'est-à-dire qu'ils sont sensés avoir tout juste fini l'école, ou s'ils ont fait une année de césure (c'est de plus en plus fréquent), ils doivent être dans leur 3ème année, celle de spécialisation... J'ai croisé le regard d'une d'entre elle qui a eu surprise un quart de seconde ce matin, et c'est comme ça que j'ai tilté...
Enfin je me dis que le monde est définitivement bien petit même si je ne doute pas être au bout de mes surprises cette année ! Venir au fond du Québec dans un village de 300 habitants pour croiser une partie de mon univers quotidien !

Bref sur ce, il fallait quand même que je fasse quelque chose !
Je ne suis pas allé parler à la plantureuse canadienne-américaine inconnue au grand sourire (pourtant elle est encore juste là à ma gauche en train de bouquiner, ou de feuilleter des pages pour s'occuper ?), mais je suis quand même allé dire bonjour à mes anciens collégues INTiens... et je ne m'étais pas trompé... je tenais là un petit trio de la promo 2002-2005.

Dans l'ordre d'apparition : Guillaume (et sa copine Maeva), Cécile, Nadège, et Stéphanie (non INT mais sympa et dans le groupe !). En fait ils sont tous, comme les 50 autres jeunes qui remplissent l'auberge, en échange pour un semestre à l'université de Laval à Québec, et en week-end à Tadoussac pour visiter et découvrir le coin...
Approche agréable, ils sont tous hyper sympas, curieux autant de mon projet de voyage que de mes 2 ans d'expérience chez Accenture (normal puisqu'ils vont devoir chercher du travail sous peu). Stéphanie m'explique qu'une fois les études terminées, elle veut faire le tour du monde en camionette... j'imagine déjà la camionette wolswagen avec les grandes fleurs et je crois entendre "California Dreamin" de "The Mamas and the Papas" en fond sonore, mais elle semble bien sérieuse et ultra déterminée !
Guillaume me brieffe sur Brice Canyon et le Nicaragua, des immancables... enfin, encore des immancables non prévus dans mon itinéraire et mon planning !
Nadège reste discrètement en retrait, et Cécile revient difficilement d'une sieste ratée sous la tente...
Je me rends compte qu'il sont un groupe de 14, et moins chanceux que moi... apparement il n'y avait même plus de places au grenier, il ne restait que des tentes... et si j'ai bien compris, aucun n'a réussi à dormir à cause du froid extérieur la nuit passée !

Ils me proposent chaleureusement de me joindre à leur table pour le diner (quelle bonne idée j'ai eu de m'y inscrire aussi cet aprem !) et me retrouve assis en face de Cécile. Québec, échange universitaire, MBA, Systèmes d'Information, stages, Accenture... tels sont les sujets qui ponctuent notre discussion tout au long du repas.
A défaut de dépaysement total initialement imaginé en venant ici, ça fait du bien de taper la discute !!

La route qui borde le St Laurent côté Charlevoix est magnifique : de longues falaises qui plongent dans ce fleuve immense. Je suis un peu frustré d'être dans un bus et de ne pas pouvoir m'arrêter au moment ou je le souhaite pour admirer le paysage...
Sous le regard amusé des autres passagers, je ne peux pas me retenir de prendre une photo toute les 2mn tant bien que mal au travers des vitres du bus, tout en sachant que c'est peine perdue car elles sont quasiment toutes ratées...

Dernier petit plaisir avant d'arriver à Tadoussac, il n'y a pas de pont traversant la rivière du Saguenay et il faut donc prendre le traversier pour passer de la région de Charlevoix vers celle du Manicouagan.

Le ciel est magnifique et j'aperçois pour la première fois quelques dis blancs de belugas, cherchant à manger dans l'entrée du fjord du Saguenay.
Tout fier de moi je trouve l'auberge en moins de 5mn, et je me pointe avec mon petit sourire insousciant, tranquille.
- Un lit ? Vous avez réservé ?
- Ben non... on est hors saison, il a plein de places partout ou je passe depuis lde début...
- Ah oui mais là c'est plein, on attend 80 personnes pour ce soir... !
(hé merd... on est vendredi soir, et le coin est hyper touristique pour les jeunes quebecois en mal de nature...)
- On peut essayer de faire des miracles, on pourrait bien vous trouver une solution si vraiment vous avez besoin d'être dépanné...
- Quoique ce soit, dites-moi et je prends !
- Ben on peut vous installer dans le grenier sur un matelas en rade... ?

Ni une ni deux, me voila dans la plus grande chambre de l'auberge (si j'ose dire une chambre), et quand je vois mon lit, je me prends un peu pour la princesse aux petits pois avec mes 3 matelas les uns sur les autres !! Je suis ravi ! Je peux ainsi poser mes affaires et aller me promener l'esprit tranquille.

Première balade magnifique ! Je monte sur la petite colline qui surplombe le village, d'un côté la vue sur le fjord, de l'autre la baie et le village...

Il fait tres chaud, je tombe le t-shirt (bon ok c'est aussi pour faire le cakou sur la photo :o)

Je pète la forme avec ces quelques rayons de soleil, je saute sur les marches en bois ou sur les rochers comme un lutin joyeux, et décide d'aller faire un tour sur la plage pour dire que j'aurais au moins pataugé dans le St Laurent !

Malheureusement à chaque seconde je vois le temps qui se couvre petit à petit et je me retrouve en même temps bloqué par un éboulis de pierres et des branches sur ma promenade qui longe la plage...

Sur ce demi échec je rejoins le sentier qui mène au bout de la péninsule aprés avoir un peu zigzagué dans ce minuscule village.

Pour l'encart culturel : Tadoussac est sensé être le premier village construit par Jacques Cartier il y a 400 ans, pour faire office de comptoir avec les amérindiens (principalement échange de peaux de bêtes contre de l'alcool) et être ainsi le plus vieux du Québec... C'était une destination courue au début du siècle pour les croisières de luxe, avant de devenir le lieu de pélerinage incontournable pour les amoureux de la nature, des baleines et de la randonnée.

Bref, me voici sur mon promontoire en rochers, pile au niveau ou la riviere du Saguenay se jette dans le St Laurent, et je guette fébrilement le coucher du soleil de soleil en mangeant le sandwich restant de midi.

Je suis bien le seul apparement à attendre un couché de soleil qui ne viendra jamais pour cause de nuage...
En fait ici, tous les gens, armés de jumelles, guettent l'apparition d'une baleine, d'un rorqual, d'un bélouga...
Je me replis donc aussi sur cette activité, sport n°1 dans la région...

Soudain je crois voir quelque chose, mais c'est tellement bref, et on ne voit tellement rien (une nageoire ou un dos blanc) que je ne sais pas si ce que j'ai vu est effectivement une baleine, ou juste un reflet sur la crête d'une vague !

Je me refais une dernière fois la balade sur le sentier qui surplombe le village et retourne à l'auberge.

Je me prends une petite bière (au passage je me fais engueuler car je ne laisse pas de pourboire... alors qu'ici c'est obligatoire. J'ai pas vraiment le réflexe pour être honnête de laisser un pourboire à un mec derrière un comptoir qui a uniquement sorti une bière d'un frigo pour me la poser sur le zinc... pour un serveur à la limite je comprends, mais là !) et je me pose dans un gros canap face à l'accueil pour écrire et bouquiner. Je suis halluciné par le nombre de personnes qui arrivent entre 20h et 21h (des groupes de jeunes), mais surtout ce qui me surprend le plus, c'est le nombre de français, des groupes entiers... et la plupart arrivent en parlant fort, en faisant des mauvaises blagues, limite :
"je sais que vous m'attendiez tous, et me voila ! Hého ! Je suis là ! Vous en faites pas je suis un mec cool et drôle, même si vous voulez pas m'écouter vous allez m'entendre et vous allez m'adorer car je m'adore moi-même... et si ce n'est pas le cas j'en ai rien à foutre de vos gueules et je vais quand même continuer à faire le malin en faisant du bruit !"
Bref, je ne sais pas si ça vient de moi ou si la plupart des français sont vraiment puant (ou si c'est juste quand ils sont en vacances) mais personnellement je ne peux plus supporter de voir ces touristes français aussi bruyants... et c'est pire quand ils sont en groupe !

Ce soir il y a un jeune qui joue du piano au bar et qui met bien le feu... mais c'est horrible comme je me sens éclaté, la force de ne rien faire dès 21h... je crois que la course d'une heure avec mon sac à dos, et toutes les balades de la journée m'ont bien crevées !
Sur ce, làs, je décide d'aller me coucher. Apparement d'autres n'avaient pas réservé non plus leur lit, car on se retrouve à 3 à dormir au grenier !

Bye Bye Quebec, je remonte dans le bus en ce jeudi 21 septembre au matin. Je commençais tout juste à bien me repérer dans cette ville, ses lignes de bus, et je trouvais l'appartement de Phil bien comfortable !
On ne sait jamais ce qu'on va trouver, mais on sait toujours ce qu'on laisse... enfin ça fait partie de l'excitation du voyage !

Mon parcours vraiment nature et aventure commençait là pour de vrai, adieu la vie citadine. Depuis mon arrivée au Canada j'ai changé mon itinéraire premier qui figure sur le site dans la catégorie Itinéraires.

L'objectif est de rejoindre Tadoussac en faisant un arrêt dans la région de Charlevoix, à savoir Baie St Paul pour être plus précis... puis de remonter un peu plus haut, jusqu'à Forestville, pour traverser le St Laurent jusqu'à Rimouski, pour enfin rejoindre Gaspé et Percé, et revenir en bouclant sur la Gapsésie par le sud (Capleton).

Au bout d'à peine 40mn de bus, je me retrouve plongé dans la carte postale du Québec que j'avais en tête avant de partir : de grandes forêts montagneuses, avec une route unique dans la vallée, une ligne jaune au milieu, quelques maisons éparses avec des picks-ups 4x4 devant, et c'est tout... Bien que les arbres ne soient pas encore de toutes les couleurs c'est trés joli.

J'arrive enfin à Baie St Paul, je suis le seul à descendre...
"S'il vous plait je cherche la côte du Balcon vert ?"
Objectif : me rendre à l'unique auberge de jeunesse de cette minuscule ville pour y déposer mes affaires avant d'aller me promener.
Petit sourire en coin de l'homme qui m'explique le trajet et qui conclut sur "bon courage mon gars !"
"Euh... ça veut dire quoi ça bon courage ?"
Ça ça veut dire traverser toute la ville à pied, et finir sur une côte d'1 km avec une pente allant de 40 à 60°...

En chemin les gamins que je croise me regarde d'un air ahuri dans lequel je lis "mais qu'est-ce qu'un mec seul, avec un gros sac à dos, et surtout à pied, vient faire ici ?" Evidemment je ne colle pas trop avec le paysage local. Un mec s'arrête pres de moi au bord de la route, ouvre sa fenêtre de voiture et me demande ou je vais, en me proposant de me déposer à Québec sur sa route... merci mais j'en viens !
20mn plus tard je croise 2 canadiennes backpackeures en train de faire du "pousse" (du stop) pour Québec et apparement plutot en galère... comme quoi la chance peut ne pas passer loin des fois ! Je réalise en tout cas que ce pays n'est absolument pas adapté pour les voyages à pied (mais je me réserve pour un message spécialement dédié au sujet), et que tout est prévu pour les voitures... :o(

J'arrive au bout d'une heure de marche avec mon sac de 3 tonnes sur le dos dans cette fameuse auberge, dégoulinant de sueur. Le garçon d'accueil, amusé, m'offre un verre d'eau de bienvenue. En réalité d'auberge, c'est une forêt avec des cabanes en bois... douches à l'extérieur. C'est plutot marrant comme concept ! Je suis apparement absolument seul dans le coin... !

Sur ce je me décide pour une balade histoire de voir si l'étape valait le coup... Quelques érables sont déjà rouges, c'est assez sympa. Je gravis la fin de la colline pour me retrouver en haut du sommet qui surplombe la baie. C'est tres impressionant, à gauche le St Laurent si large qu'on dirait presque une vrai mer, à droite la baie et le village abrité.

En descendant je découvre de tres belles maisons, comme accrochées sur le flanc de la colline, avec des terrasses immenses et des façades tout en bois et en verre, donnant sur le fleuve, presque cachées sous les arbres.

Le village en lui-même est assez petit, blindé de galeries d'art pour les touristes (c'est ici qu'il y aurait la plus grande concentration de galeries de tout le Québec apparement...). Personnellement j'étais plus sous le charme qu'il y avait sur les flancs des montagnes encadrant la baie que dans le village même.

Je suis claqué et j'ai faim, mais il n'est que 16h... je me pose au bord d'un étang pour bouquiner...
Quand le soleil commence à décliner, je me cale dans un petit resto de fabrication de pâtes fraiches histoire de bien me rasasier... Tortellinis sauce roquefort, cognac et avec des escargots. Enfin... faut pas que je tarde trop car je sais qu'il me reste encore ma petite côte à pied à me farcir... et je préfère pas trop me taper la traversée de la forêt by night...
Bref, couché avec le soleil, il n'est que 20h... je ne suis pas encore habitué un rythme comme ça ! Je continue donc à bouquiner dans mon lit seul au milieu de ma forêt (paranoiaques ayant une phobie des bucherons fous et de leurs hâches s'abstenir, car dans ces conditions l'imagination fonctionne vite !).

Nuit fraiche et agréable, par contre l'épreuve de sortir dans le froid le lendemain matin en calebut pour faire les 20m qui me séparent de la douche est assez difficile, mais a pour mérite de bien me réveiller !
Je déguste un ptit déj "tout bonheur", du haut de la terrasse qui donne sur toute la baie... la vue est magnifique (dommage j'ai pas mon appareil) et les oeufs au bacon succulants !

Me voila paré pour me refarcir mon heure de marche jusqu'au terminal de bus, direction Tadoussac !