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Raphael autour du continent américain !
2 octobre 2005

Promeneur du dimanche

Au cours de mes dernières et nombreuses balades, je n'ai pas pu m'empêcher d'observer tous les gens que j'ai pu croiser à chaque endroit, chaque auberge, sur chaque sentier, et me comparer, même de manière inconsciente à eux.

Inutile de faire des catégories de touristes et d'en débattre longuement. Il y en a uniquement deux.
Les touristes qui voyagent dans des tours organisés, dorment tous dans le même hotêl, se déplacent dans des cars de 50 pour faire l'attraction touristique du coin en mitraillant de photos ne serait-ce que le brin d'herbe sous leur pied, ceux-là constituent la première catégorie. Sociologiquement surement très intéressants, mais pas tant que ça dans la comparaison à laquelle je souhaite aboutir.
La deuxième classe correspond (et c'est celle que j'ai majoritairement rencontré dans les auberges de jeunesse) au voyageur chevronné et méthodique, au randonneur suréquipé. Il est facilement reconnaissable. Chaussures de marche, pantalon gore-tex, polaire, lunettes de soleil de sport, à la place de l'appareil photo des jumelles, sac à dos multi-poches avec boisson énergétique et barre de céréales. Ce randonneur fuie littéralement le tourisme de masse. Pour ça il s'organise son propre itinéraire pas à pas, se balade avec son sac de couchage, ses cartes, et est capable de discutter pendant des heures avec le passioné du coin sur le type de mousse qui pousse ici sur les arbres.

Bizarrement je vous dirais j'aurais tendance à m'inscrire dans cette deuxième catégorie, du fait que je suis écoeuré par les cars de touristes que je croise quelques fois, et que d'une certaine manière je me construis mon itinéraire par moi-même.
Et pourtant...

Et pourtant quand j'y regarde bien je me sens tellement -mais tellement- différent de ces touristes. Je ne sais pas si c'est dans ma nature profonde de "je m'en foutiste" ni d'où ça vient précisemment, mais impossible de rester concentré plus de deux secondes sur une explication sur l'origine d'une plante polaire sur une ile atlantique; impossible de m'émerveiller deux jours durant sur une forêt de sapins sans avoir profondément envie de bitume, d'immeubles, de bruit, d'animations, de gens qui marchent vite autour de moi.

Il suffit simplement que je me jette un coup d'oeil rapidement : si je ressemble à quelque chose c'est plus à un jeune parisien qui se lève le dimanche matin pour aller acheter sa baguette de pain qu'à un mec qui pars barouder sac sur le dos à travers le monde !

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Oubliez les chaussures de marche, je me balade avec mes tennis en toile "total look citadin fashion" (n'étant évidemment pas faites pour la marche elles sont déjà ouvertes et bonne à jeter sous peu).
Oubliez le pantalon en gore-tex, je mets le même jean tous les jours.
Oubliez la bonne polaire resistante, je préfère mon sweat à capuche, mon pull à col roulé et mon blouson en cuir.
Oubliez les boissons énergétiques, les barres de céréales, les jumelles. J'ai dans ma poche droite mon appareil photo (dont je me sers toutes les 2mn), et dans la poche gauche mon baladeur mp3. C'est sûr qu'on ne peut pas dire que je sois "à l'écoute de la nature" ! Même moi je me dis des fois que je pourrais écouter le bruit du vent dans les arbres, mais pour être honnête je m'en fiche un peu, et je vois bien dans les regards surpris des randonneurs que je croise que ça reste assez incongru de venir jusque dans ces coins reculés pour rester avec la même musique dans les oreilles. Mais c'est comme ça, un peu comme une drogue. Ca m'arrive même -pour être honnête très souvent- lorsque je suis seul sur un sentier, de marcher en dansant et en secouant la tête plutôt que de me consacrer à mon environnement. Le pire dans tout ça, c'est que c'est dans ces moments là que je me sens le mieux...
Je lisais un livre d'Harlan Coben cet après-midi dont un passage me frappait justement sur la description d'un jeune qui vivait avec les écouteurs dans les oreilles à longueur de journée :
"An aural confinement, solitary walls of sound, to paraphrase Elton John, inescapable. No life noises let in. No talking. An artificial sound track to your life".
C'est exactement ça, la bande-son de ma vie. Ca rend le voyage encore plus irréel, comme dans un film où j'arrive à me dédoubler pour m'observer -curieux- en train de voyager.

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