Volcan Villarica à Pucon au Chili
Avec Andy nous arrivons à Pucon au Chili après une longue journée de bus et un nouveau passage de frontière... Nous ne perdons pas une seconde et nous mettons à épurer toutes les agences d'expéditions locales histoire de comparer les prix et les services offerts... Là encore pas de grosse surprise, tout le monde propose exactement la même chose pour quasiment le même prix.
Finalement nous décidons de gravir le volcan Villarica le lendemain. C'est l'unique raison pour laquelle je suis venu ici (Pucon est une énième ville touristique sans attrait particulier). La majorité des volcans dans cette région des Andes se trouve du côté chilien, et le seul encore en activité se trouve être le volcan Villarica, raison pour laquelle il attire autant de touristes !
Notre agence nous fournit l'intégralité de l'équipement nécessaire à l'ascenssion du volcan : chaussures pour résister à la neige (qui pèsent 3 tonnes), crampons, pantalon, bas de pantalon pour protéger que la neige ne rentre pas entre le pantalon et les chaussures, manteau, gants, bonnet, casque, sac à dos, piolet. Je prend juste mes lunettes de soleil, ma crème solaire et à manger et à boire.
Départ à 7h du matin, mais il faut bien ça le temps de se changer (on est un groupe de 10 jeunes, répartis en 2 groupes -les lents et les rapides- avec 2 guides pour chaque groupe) et le temps d'arriver au pied du volcan avec la camionette... Le suspens météorologique bat son plein : il a plu les 3 derniers jours empêchant toute expédition. Aujourd'hui le temps semble incertain, au loin le ciel semble dégagé, mais au-dessus de nos têtes la chappe nuageuse ne semble pas vouloir disparaitre... Le guide nous propose jusqu'au dernier moment si l'on veut grimper aujourd'hui ou si l'on préfère attendre le lendemain...
Jusqu'à maintenant j'ai eu une chance monstrueuse avec le temps, en passant entre les gouttes de pluie à chaque fois, et je compte sur ma bonne étoile pour que ça continue. En plus en montagne tout peut changer très vite et c'est impossible de deviner le temps en avance : il peut faire beau dans la vallée et les nuages peuvent rester bloqués sur le sommet de la montagne en même temps... bref je décide de monter et tenter le coup aujourd'hui (en plus je n'ai pas envie d'attendre à rien faire dans cette ville sans cachet !).
La première partie de la montée a un remonte pente, mais il faut payer en plus et avec la marche que je me fais depuis plusieurs jours je ne suis plus à 1h de grimpette en plus. C'est un bon échauffement, avec tout mon équipement j'arrive trempé de sueur au départ de la piste enneigée. C'est là que l'on fait les groupes et que l'on commence à partir en file indienne. Au début la neige est encore éparpillée sur la roche noire, mais très vite on arrive sur un bon mètre de poudreuse et on fait une pause pour sortir les crampons de nos sacs et les attacher à nos chaussures.
Les nuages nous passent littéralement dessus. Quand on est dedans on ne voit pas à 2m et en 1s tout d'un coup le ciel est bleu turquoise, et au-dessus de nos yeux on voit émerveillés le sommet du volcan qui laisse échapper son filet de fumée. Ça nous donne plein d'énergie car on a tous hate d'arriver tout en haut !
La pente neigeuse devient sérieusement raide et nous marchons en zigzag. Notre guide nous explique comment toujours garder notre piolet du côté de la montagne pour pouvoir l'utiliser au cas où on glisse pour pouvoir s'arrêter avant de prendre trop de vitesse et glisser dans un ravin !
Avant de reprendre la route chacun s'essaie à glisser sur quelques mètres pour voir s'il maitrise bien le "planté du piolet", l'occasion de bonnes rigolades :o)
Plus ça grimpe et moins on fait les idiots, on reste tous bien en ligne, concentrés sur chacun de nos pas. On essaie de marcher dans les traces du guide pour s'économiser un peu d'énergie car sinon nos pas s'enfoncent profondément dans la neige et c'est vraiment fatiguant !
Je m'excuse pour la galerie de photo égocentrique ci-dessous... C'est pour confirmer à mes parents que je vais bien :o) Si j'ai quelques cheveux blancs ce n'est pas que j'ai pris un coup de vieux, c'est juste qu'avec le froid et les nuages qui nous passent dessus, mes cheveux se sont couverts de glace !!!
On marche, on grimpe, et tout d'un coup on s'arrête, c'est magique, nous venons de passer au-dessus de la chappe nuageuse. Tout autour de nous c'est un immense océan de nuages... On en a pris plein les yeux, aux deux sens, car il y avait tellement de lumière partout (entre les nuages et la neige) qu'on ne voyait plus grand chose, et pourtant on portait tous nos lunettes de soleil !
Comme le coin au-dessus des nuages et sympa on s'arrête pour faire la pause casse-croûte. Les quelques minutes nécessaires pour manger mes sandwichs, j'ai mes doigts qui deviennent bleux et j'ai eu le malheur de m'assoir à même le sol : mes fesses sont complètement insensibles (cette même sensation que quand vous dormez trop longtemps sur votre bas et que la circulation sanguine est coupée). Heureusement la sensation est vite revenue... mes fesses sont saines et sauves :o)
Après le déjeuné nous attaquons la dernière partie qui est évidemment la partie la plus pentue et la plus difficile.
Pas de chance, juste à ce moment on se retrouve pris dans les nuages. Sans le guide j'aurai été complètement incapable de savoir où j'étais et où aller : la lumière était diffuse et pâle, il n'y avait plus aucun contraste nulle part, je n'arrivais plus à discerner la neige des nuages et je voyais juste la personne devant moi. Impossible de distinguer les creux des traces de pas, la pente ou quoique ce soit... A ça vient s'ajouter la condensation de l'eau des nuages sur mes lunettes de soleil... j'étais devenu aveugle, et la marche devenait bien difficile !
Enfin nous arrivons au sommet du volcan. Nous sommes bien essouflés mais impossible de reprendre notre souffle : nous sommes pris dans la fumée de souffre qui se dégage du sommet du volcan. Notre guide nous dit de ne pas trop s'approcher du milieu du cratère (qui est très grand, nous sommes juste sur le bord). C'est marrant ça me rappelle le volcan Pacaya au Guatemala où on faisait ce qu'on voulait, un t-shirt sur la bouche pour se protéger du souffre, on penchait même la tête dans le cratère pour voir la lave !
Il y a quelques mois il était possible depuis le somment du cratère de voir la lave rouge bouillir dans la cuvette au fond du cratère. Mais depuis le cône de lave séchée (lave rocheuse noire) s'est effondré et donc on ne peut plus voir la lave en fusion (soupir). Bref du coup on ne s'attarde pas trop au sommet du cratère car la vision est assez limité et qu'on a du mal à respirer, alors on redescend un petit peu en-dessous...
Là on fait une pause pour attendre le groupe des personnes qui vont plus lentement. On réalise qu'on n'est pas les seuls sur le volcan aujourd'hui ! C'est un véritable autoroute ! Enfin ça nous atteint pas trop et on en profite pour faire une pause gouté : chocolat et banane ont du succès !
Les autres arrivent enfin et on se prépare pour la descente qui s'annonce beaucoup plus rapide que la montée : nous allons tous descendre l'intégralité du volcan en glissant sur les fesses et en se dirigeant avec notre piolet : l'éclate totale !!!!!!! J'ai fait un petit film génial sur une partie de la descente mais je ne peux pas le mettre sur le site car il est trop gros...
Dernière petite halte la tête au-dessus des nuages avant de remettre les pieds sur le sol... on a tous dix mille images en tête, et moi je commence à avoir un peu mal aux pieds dans ces chaussures de marche pas top confortable (la même chose que quand vous allez à la patinoire).
Arrivés en bas tous les nuages ont fini par disparaitre, l'occasion d'une bonne photo de groupe. Malheureusement pour moi je confie mon appareil à quelqun qui n'a jamais entendu parler de la notion de cadrage dans sa vie... il manque le sommet du volcan... tant pis, c'est un bon souvenir quand même du groupe hyper sympa avec qui j'aurais passé la journée !
Voila, avec cette petite ascenssion à 2840m je mets une fin à mon exellente période de plusieurs semaines dans le sud des montagnes des Andes. Toutes ces randonnées auront été magiques à leur façon et j'ai vraiment adoré ! Maintenant je me dirige vers Santiago, la capitale du Chili, puis ensuite normalement retour en Argentine à Mendoza. Biensûr il y aura encore des montagnes autour de moi mais je ne ferai plus de trekking comme ça avant un bon bout de temps (Bolivie ou Pérou...). Aprés Mendoza je devrais attaquer une période de traversée de désert, de Chilecito au salaire de Uyuni en Bolivie, en passant par les montagnes chaudes et arrides de Salta et Jujuy au nord de l'Argentine, je vais pouvoir ranger mon manteau au fond de mon sac et ressortir mes t-shirts !