Inca Trail J1... on pédale dans la gadoue !
Réveil difficile ce matin. On a eu la mauvaise idée de sortir hier soir et on a rendez-vous à 7h avec notre guide pour les 4 prochains jours.
Faire l’Inca Trail (le sentier inca en anglais) c’est un peu une tradition, l’immanquable du voyageur en Amérique du Sud si vous voulez. En principe l’Inca Trail, celui dont les voyageurs parlent (évidemment des sentiers incas il y en a des tonnes dans la région), c’est un sentier qui traversent les montagnes sur le chemin qui vient de Cusco, et qui passent par de nombreux sites archéologiques incas, pour arriver jusqu’au Machu Pichu. Le problème est que c’était devenu tellement touristique, que l’état bolivien a limité le nombre de personnes pouvant passer par jour sur ce sentier à 500 personnes, et a vendu l’intégralité des licences régissant le passage aux agences de tourismes locales. En période basse (saison des pluies en hiver pour nous) il y a peu de touristes et on peut facilement trouver une agence pour faire ce trek de 4 jours. Au mois de juin c’est une autre histoire ! Avec Tom on a commencé à se renseigner début mai pour réserver un trek… tout était plein dans toutes les agences jusqu’à fin juin et les tarifs… attention accrochés vous bien, plus de 400$ (ce qui est énorme pour l’Amérique du Sud ! On a payé 90$ tout compris pour nos 4 jours en jeep dans l’altiplano bolivien pour vous donner une idée…) !!!
Bref nous avons donc du nous rabattre sur une solution de rechange. Juste aller au Machu Pichu depuis Cusco c’est un peu dommage car on ne voit pas toute la région sacrée des Incas, alors on voulait quand même faire un autre sentier pour nous y rendre. Sur les recommandations de plusieurs personnes on a opté pour le trek mixte vélo/randonnée. Un peu las de tout comparer tout le temps nous avons choisi la première agence que nous avons vue. Les tarifs étaient ceux appliqués ailleurs, et pour le service c’est dur de se rendre compte tant qu’on n’est pas sur place…
Avec tout ça nous voila donc le fameux matin du départ avec une bonne gueule de bois…
Les choses ne s’annoncent pas sous le meilleur jour : nous poireautons plus d’une heure au départ des bus. Se lever hyper tôt pour attendre ça nous plait pas beaucoup… surtout qu’on avait été habitué jusqu’ici à de super organisations privées, alors un bus public ou il faut accrocher nos vélos sur le toit… ça nous semble pas hyper professionnel ! Notre guide César (nous sommes les seuls dans l’agence à faire ce trek donc nous avons un guide juste pour nous 3), un jeune péruvien court à droite et à gauche et essaie de nous rassurer. Il nous explique qu’il y a eu un effondrement de terrain qui a emporté une partie de la route que le bus doit utiliser et que des gens sont en train de réparer tout ça… nous voila beaucoup plus en confiance !
Finalement on monte dans un bus, plein à craquer pour cause d’annulation des bus précédents, et nous partons. Les gens sont assis dans l’allée, il y a des paniers et des sacs de partout ! Avec Julio et Tom on est éparpillé dans le bus en fonction des places disponibles. Ce n’est pas très grave car avec notre état de fatigue l’heure n’est pas vraiment à la discussion… Nous nous endormons aussitôt. Deux heures plus tard, la tête en vrac et la bouche pâteuse, nous faisons une première halte, pour le petit déjeuner. Tout le monde descend et s’engouffre dans les bouis-bouis locaux pour manger des soupes peu ragoûtantes de poulet ou de je ne sais pas quoi, mais rien que la vue du met me met mal à l’aise… je recherche désespérément un café que je ne trouverai pas :o(
A ma grande surprise Julio prend un œuf avec une sauce bizarre aux pommes de terre (argh pour le ptit-déj !), un truc verre et jaune… bref. Même notre guide le regarde en faisant non de la tête… Enfin nous repartons… et nous nous rendormons.
Quand je me réveille le bus frôle un ravin dans des virages. Nous avons passé les montagnes et la végétation est devenue tropicale désormais. C’est bizarre comme cette route (si on peut appeler cela une route) me rappelle quelque chose… ça y est j’y suis ! La route la plus dangereuse du monde en Bolivie… je ne sais pas si c’était LA route la plus dangereuse du monde, mais en tout cas elle a une sœur jumelle car nous sommes sur sa copie conforme et je ne suis absolument pas rassuré !
Nous nous arrêtons toutes les 10mn parceque deux camions ont du mal à se croiser, ou parceque la route est en super mauvais état ! Finalement nous arrivons sur la parcelle de route arrachée par l’éboulement de terrain. En effet il ne reste pas grand-chose. Des bulldozers on aplanit un peu de terrain pour permettre aux véhicules de passer mais ce n’est pas terrible ! César nous dit de descendre du bus et récupère nos vélos. Ça descend jusqu’au bout désormais alors on peut le faire en vélo. Avant ça petit casse-croûte. On regarde nos montres. Le trajet a pris 2h de plus que prévu au programme, plus l’heure de retard au départ, on a 3h de retard… pas cool du tout ! Une fois les salades finies on monte sur nos bolides mais on est arrêté immédiatement par le chef du chantier qui dirige le déblaiement de la route : c’est le créneau horaire des engins qui travaillent sur le chantier, la route sera de nouveau ouvert à 17h… la bonne blague ! Et voila César lancé dans de nombreuses négociations. Finalement 20mn plus tard les engins s’arrêtent 2mn pour nous laisser passer avec nos vélos sur l’épaule.
Enfin la descente commence. Je me rappelle encore la descente en Bolivie, et y a pas de raisons que celle-ci ne soit pas une bonne partie de fun également. Juste à ce moment je commence à sentir quelques gouttes sur mon visage… De la pluie ? Non une vraie averse, juste le temps de passer un k-way et de reprendre la route. L’horreur, entre ce qui vient du ciel, du vélo de devant, des flaques que j’éclabousse en passant et de ce que les roues de mon propre vélos me balancent à la figure, en moins de 5mn je suis trempé jusqu’aux os, le visage recouvert d’éclaboussures de boue. Les gamins que l’on croise sur le bord de la route sont morts de rire en nous voyant passer.
A côté de ça mon vélo fait de drôle de bruit : quelque soit le rapport il y a systématiquement une vitesse qui saute et ça me tape vraiment sur les nerfs ! Je jette un œil à mes camarades, Tom semble avoir un problème identique avec son vélo, et Julio lui semble vraiment mal en point avec des hauts le cœur toutes les 2mn. On en profite pour le charrier sur l’œuf qu’il a mangé le matin « t’aurais pas du manger cet œuf de lama ! » ne cherchez pas, évidemment les lamas ne font pas d’œufs mais notre grande blague du moment c’est de caser des lamas dans tout ce qu’on dit.
On pédale, on pédale et tout d’un coup on réalise qu’on a perdu Tom… pas dans le ravin j’espère… non heureusement, mais son changement de vitesse arrière a littéralement explosé pour finir dans les rayons de la roue… César en vrai Mc Giver démonte tout ça, raccourci la chaîne, et Tom peut reprendre la route, mais fini les vitesses pour lui… ça va pas être top !
5mn plus tard nouvelle pause… Julio ne va définitivement pas bien et vomi tout son petit déjeuner… pas étonnant, si on rajoute l’alcool de la veille… Bref la descente en vélo s’est transformée en vrai cauchemar ! Avec les 3h de retard du matin et le soleil qui se couche sur les 17h30 il nous reste 10mn de lumière et nous sommes à 2h en vélos de notre ville d’arrivée. Nous expliquons à César qu’il y a pas moyen mais qu’on ne finit pas la route de nuit dans ces conditions, et au village suivant coup de chance il négocie avec un local pour qu’il nous emmène en voiture à notre étape du soir (il a réussi à mettre les 4 vélos sur le toit !).
Enfin arrivés nous essayons tant bien que mal de laver nos affaires, et après un rapide dîner nous allons nous coucher sur les 8h du soir… en espérant que demain soit un meilleur jour. César nous a dit qu’on se levait le lendemain à 4h30 pour aller voir le lever de soleil dans la vallée… ça va être dur !